Juré, l’opticien ne fait plus d’optimisation de facture

Alors, trop gourmands nos vendeurs de lunettes? Comme leurs concurrents, ils sont en tout cas soumis à un feu roulant de critiques. En avril dernier, l’UFC – Que choisir dénonçait leurs pratiques tarifaires. Mi septembre, la cour des comptes soulignait à son tour le manque de transparence de ce marché. En dix ans, le nombre de magasins a ainsi progressé de près de 50%, pour atteindre 11400 points de vente. Mais curieusement, cette prolifération n’a pas entraîné de baisse de prix, au contraire! Opacité des tarifs, manque de concurrence chez les fournisseurs (Essilor détient 66% de part de marché), complicité coupable des mutuelles: tout a concouru à cette flambée. Et les consommateurs sont tombés dans le panneau, oubliant qu’ils paient la facture finale sous forme d’augmentation des cotisations. «On peut payer des verres à sa vue 30 euros comme 200 euros !», s’insurge Mathieu Escot, chargé de mission à l’UFC – Que choisir.

 

Par CAPITAL
Publié en Octobre 2013

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Evidemment, Didier Papaz réfute ces accusations. Les marges prélevées sur l’équipement, autour de 60%, se justifient selon lui par le coût du service. «Cela paie les charges de personnel, les deux heures et demie passées à préparer les lunettes, le loyer, le marketing … », plaide l’opticien champenois. Chez Optic 2000, assure-t-il aussi, on ne pratique plus «l’optimisation de facture», qui consiste à ventiler le prix des verres et des montures en fonction des taux de remboursement de la mutuelle. Dès 2004, la coopérative a fait équiper tous ses magasins d’un logiciel censé empêcher la manip. «On a perdu ainsi une centaine d’adhérents», souligne Yves Guénin.

 

Pour prouver sa bonne foi, Optic 2000 a aussi été le premier à jouer la carte des réseaux de soins. Le groupement a noué des partenariats avec la plupart d’entre eux: Santéclair, Kalivia, Sévéane, ltelis … Chacune de ces plates-formes de santé travaille avec des mutuelles et se charge de négocier des conditions tarifaires auprès des opticiens: jusqu’à 40% de ristourne sur les verres, 20% sur les montures. Ceux qui acceptent le deal sont alors référencés par le réseau et les mutuelles partenaires orientent en priorité leurs assurés vers ces magasins (ils représentent  20% de leur chiffre d’affaires). Krys a fini par suivre le bon exemple de son concurrent. Mais Atol ne s’y est pas résolu, ni Afflelou, au nom de la liberté des opticiens.

 

Quitte à passer pour le fayot de service, Optic 2000 a aussi modifié sa communication. Johnny et sa Laeticia virant un peu trop bling bling, il a été mis fin l’an dernier au contrat de l’idole des anciens jeunes, alors qu’il devait durer jusqu’en 2013. A charge désormais pour le photographe écolo Yann Arthus-Bertrand ou la navig trice BCBG Maud Fontenoy d’incarner le visage de l’opticien responsable et de faire connaître son dernier slogan: «Une nouvelle vision de la vie.» Pour préparer l’avenir, la coopérative réfléchit à présent au magasin dedemain. Il pourrait être en partie virtuel, avec un service d’essayage en ligne et en 3D. Lissac expérimente déjà ce procédé. Côté verres, Optic 2000 espère bien être le premier à bénéficier des futures innovations d’Essilor. Comme ces carreaux de troisième génération, qui rejetteront les UV arrivant par l’arrière.

Ou, plus bluffant, ces produits à «réalité augmentée» capables d’afficher des photos de l’espace environnant, dans les zones de vision encore intactes des personnes malvoyantes. A ce moment-là, il sera temps pour le réseau de changer de nom. Optic 3000?

Jean Botella

 

 

Chez Lissac, l’enseigne chic du groupe, un designer fait du sur-mesure

Dans son magasin du quartier de l’Opéra à Paris, Lissac a installé un studio de création où un jeune designer. Damien Fourgeaud, dessine des modèles uniques à la demande. En 45 minutes chrono. Cet ex-styliste de Dior et Quiksilver donne vie sur papier puis sur écran d’ordinateur à toutes les espiègleries imaginables. Réalisées par des orfèvres dans l’atelier de Clamart, les lunettes sont livrées en 15 jours avec les croquis du designer et un certificat d’authenticité. Coût du caprice? En moyenne 800 euros. Sans les verres…